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MIFID 2 - Quel business model pour les banques privées

Entrée en vigueur en 2007, la Directive MIFID 1 (Directive sur les marchés d’instruments financiers) visait notamment à s’assurer de l’adéquation entre un produit proposé et le profil d’investisseur du client.

La crise économique mondiale de 2008 a néanmoins révélé les faiblesses de cette première version, ce qui a poussé la commission européenne à réviser cette directive et à adopter un nouveau cadre réglementaire : MIFID 2. 

Celui-ci vise à renforcer la transparence afin de protéger l’investisseur contre toute forme d’opacité des produits.

Cette dernière directive a un impact significatif sur l’ensemble des établissements financiers et notamment sur le business model des banques privées. Quels départements de la banque privée sont impactés ? En quoi cette mise en conformité est-elle complexe ?

L’impact de MIFID 2 sur le business model des banques privées

La directive MIFID 2, qui entrera en vigueur en janvier 2018, aura un impact non négligeable sur deux services :

  • La gestion déléguée (ou « gestion sous mandat ») : la directive visant à protéger l’intérêt des investisseurs supprimera les rétrocessions perçues par les banques privées dans le cadre d’investissements externes dans des sociétés de gestion. Les rétrocessions représentant une part importante des revenus des banques privées, ces dernières vont devoir revoir la structure de leur rémunération.
  • La gestion conseillée (ou « conseil en investissement ») : l’impact est ici plus subtil – les acteurs devront se positionner comme « indépendants » ou « non-indépendants ». Le caractère « indépendant » implique de renoncer aux rétrocessions et donc de basculer sur un mode de rémunération sous forme d’honoraires, tout en préservant une image de confiance auprès du client. A l’inverse, le caractère « non-indépendant » permet de conserver la possibilité de percevoir des commissions sous certaines conditions, notamment l’adéquation entre la commission et le service fourni. La neutralité et l’objectivité du conseil sont cependant moins garantis au client.

En quoi cette mise en conformité est-elle complexe ?

La mise en conformité des banques privées peut s’avérer complexe dans la mesure où la fin des rétrocessions implique une modification de la structure de rémunération de la banque.

Dans cette optique, une première approche pour les gestionnaires pourrait consister à revoir leurs frais de gestion en développant des commissions de sur-performance ou à étendre la facturation à d’autres services comme le recours à un ingénieur patrimonial. Swiss Life Banque Privée, par exemple, revendique cette politique tarifaire consistant à facturer le conseil patrimonial.

Une seconde approche pourrait être de se recentrer sur la distribution de fonds maison exclusivement, ce qui irait néanmoins à l’encontre du principe de diversification des investissements et de l’architecture ouverte.

Quant au conseil en investissement, si les conseils se déclarent comme « non-indépendants », ces derniers devront justifier la cohérence et la valeur ajoutée du service rendu. Ceci implique entre autres que tous les flux puissent être tracés, que la répartition des frais soit totalement transparente, ce qui représente un bouleversement important non seulement en termes d’approche commerciale mais également technique d’un point de vue des systèmes d’information.

Outre la révision de la structure de rémunération des banques privées, le principe de transparence pourrait inciter les banques à investir dans des sociétés de type startups digitales proposant des services de conseil automatisé et une facturation transparente, en adéquation avec la directive MIFID 2. C’est le cas de la société de gestion de portefeuille Financière de l’Echiquier qui a investi dans Yomoni, société digitale de gestion sous mandat investissant dans des fonds indiciels.

La mise à niveau de MIFID 1 incarnée par MIFID 2 bouleverse donc le business model des banques privées les encourageant dans leur transformation digitale afin de répondre au besoin réglementaire de transparence, à la  réduction des coûts et à la refonte de leurs modes de rémunération.