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Étude « Les entreprises & France Travail »

Données détaillées de l’enquête en ligne​.

Des entreprises en attente d’une relation partenariale avec France Travail

Le 1er janvier dernier, Pôle emploi est devenu France Travail. L’ambition de cette réforme va bien entendu au-delà d’un changement de logo sur la façade des quelques 900 agences réparties dans toute la France. La promesse est forte : il s’agit de (re)bâtir l’organisation qui va permettre d’accompagner plus efficacement les demandeurs d’emploi afin, d’une part, de revenir au plein-emploi (c’est-à-dire à un taux de chômage de 5% à horizon 2027) et, d’autre part, de mieux couvrir les besoins des entreprises qui recrutent. 

Car si l’accompagnement et l’indemnisation des demandeurs d’emploi sont la mission historique de France Travail, la relation aux entreprises constitue une approche plus récente. Elle remonte à une dizaine d’années, avec le déploiement progressif de conseillers entreprises sur l’ensemble du territoire, chargés de recueillir les besoins des employeurs sur leur bassin d’emploi et leur présenter les services proposés par leur agence. Une mission partiellement remplie, compte tenu de la part d’entreprises qui recourent à France Travail pour recruter stagnant autour de 30%.

Convaincu de la nécessité de placer les entreprises au cœur de la transformation culturelle de France Travail pour concrétiser les ambitions de la réforme, Sia Partners a mené une étude centrée sur l’offre de services destinée aux entreprises. Combinant enquête en ligne et entretiens qualitatifs, cette démarche a été pensée autour de 2 axes : 

  • un bilan de la perception, de l’expérience entreprises et des interactions avec Pôle emploi (dimension rétrospective) ; 
  • les attentes et espoirs des employeurs vis-à-vis de France Travail aujourd’hui et demain (dimension prospective). 

Plus d’un demi-millier de DRH, dirigeants d’entreprises de toute taille et responsables d’associations répartis sur l’ensemble du territoire ont répondu en février et mars à une quarantaine de questions ciblées ou participé à un échange personnalisé.

Les résultats présentés ci-après sont donc significatifs quant au nombre et à la diversité des répondants, sans être représentatifs – selon les standards des instituts de sondage – , et donnent donc une photographie claire de la relation entre France Travail et les entreprises.

Que ressort-il de notre enquête ?

La relation des entreprises avec l’opérateur ex-Pôle emploi

1. Une méconnaissance de l’offre de services à destination des entreprises et des dispositifs mobilisables, y compris par les deux tiers des répondants ayant bénéficié d’un accompagnement Pôle emploi durant la dernière année. Seule l’alternance bénéficie d’une bonne visibilité, et ce alors que les contrats de professionnalisation ou d’apprentissage ne font pas partie des prérogatives cœur de France Travail. Tous les autres dispositifs, des actions de formation préalable au recrutement (AFPR) aux aides au financement d’une formation (AIF) en passant par les préparations opérationnelles à l’emploi (POE), souffrent d’un déficit de notoriété. 

2. Les entreprises portent un jugement sévère sur la qualité du sourcing adressé par l’agence. Parmi les principaux griefs cités : les profils proposés des demandeurs d’emploi correspondent rarement aux critères partagés en amont ; les candidats manquent de motivation (voire ne se présentent pas en entretien) ; les demandeurs d’emploi ont été insuffisamment préparés et ne maîtrisent pas les codes du marché du travail ; ou ne sont pas aptes à reprendre une activité professionnelle. De fait, nombreux sont les employeurs qui, par dépit ou par choix, se tournent vers des acteurs privés (intérim, chasse ou cabinets de recrutement) et/ou mobilisent un budget (significatif pour les grandes entreprises) pour utiliser des jobboards (type Indeed, Hellowork, Welcome to the jungle, LinkedIn) afin d’être mis en relation avec des candidats qualifiés. 

3. Pour les entreprises qui ont renoncé à solliciter Pôle emploi, les causes de la rupture sont multiples

  • une expérience passée décevante (et remontant parfois à l’époque de l’ANPE, soit avant 2008) ;
  • des besoins en recrutement jugés trop spécifiques/requérant une technicité qu’ils n’estiment pas pouvoir trouver auprès des personnes éloignées du marché du travail ;
  • le risque perçu en termes de marque employeur et d’image pour l’entreprise d’une collaboration avec l’agence.

Plusieurs raisons peuvent expliquer le décalage entre ces résultats et les taux de satisfaction élevés obtenus par Pôle emploi dans le cadre de ses enquêtes annuelles auprès de ses bénéficiaires. 

  • Tout d’abord, il existe autant de relations avec Pôle emploi qu’il existe d’agences voire de conseillers entreprises. Chaque avis exprimé reflète une expérience qui diffère selon les territoires et les interlocuteurs. Ce constat met ainsi en exergue l’absence d’un cadre d’exigences « socle » au sein du réseau pour la relation aux entreprises, qui rend tributaire chaque entreprise « cliente » des pratiques et de l’engagement de l’équipe intervenant sur son bassin d’emploi. 
  • En complément, toute enquête ouverte comporte un biais méthodologique en cela qu’elle offre un moyen de « libération de la parole ». Il n’est donc pas illogique que les entreprises mécontentes ou déçues de l’offre de services s’expriment plus spontanément que celles satisfaites. 
  • Enfin pour contrebalancer les points évoqués supra, on note dans les réponses apportées, notamment sur la qualité de service et de la relation, des retours plus équilibrés et un volume d’avis positifs plus important pour les entreprises qui ont bénéficié d’un accompagnement dans les derniers mois. Les actions menées commencent donc à porter leurs fruits.

Perspectives pour France Travail

Quel que soit le bilan dressé par les entreprises sur leur expérience passée avec Pôle emploi, toutes ont une idée précise et homogène de ce que leur relation doit être à l’avenir.

Pour répondre à leurs attentes, France Travail doit d’abord professionnaliser son appui au recrutement afin de répondre à leurs besoins de main-d’œuvre, via un meilleur sourcing des candidats et une préqualification des profils plus efficace. L’accélération du recours à l’intelligence artificielle par France Travail pourrait en ce sens permettre d’améliorer le matching amont ainsi que permettre de vérifier la motivation et la maîtrise des compétences requises pour un poste. 

Les recruteurs convergent également pour réclamer une approche proactive des conseillers entreprises, fondée sur une philosophie de prospection pour capter les besoins de main d’œuvre ponctuels et récurrents. Une approche nouvelle conjuguée à une bascule de “pull vs push” pour rendre les entreprises plus autonomes (proposition de viviers de candidats demandeurs d’emploi susceptibles de les intéresser, mise en relation facilitée via la plateforme sans intermédiation par un conseiller). 

Les entreprises, en tout cas, sont prêtes à aider France Travail dans cette transformation culturelle, en accueillant par exemple des conseillers pour qu’ils comprennent mieux leurs besoins, appréhendent finement la réalité de leurs métiers (y compris en RH) mais aussi l’environnement et le secteur dans lequel elles évoluent. Les employeurs attendent aussi une nette amélioration de « l’expérience entreprise » via une simplification de l’offre de services, une meilleure lisibilité des aides et dispositifs existants, un allégement des démarches administratives et la mise en relation avec un conseiller dont la capacité d’intervention ne serait pas circonscrite aux limites géographiques des agences et bassins d’emploi dont ils dépendent. 

Par ailleurs, France Travail apporterait un accompagnement apprécié, notamment auprès des plus petites entreprises, en matière de recrutement inclusif (femmes, seniors, jeunes issus des QPV, personnes en situation de handicap…), un champ que les cabinets privés de recrutement n’occupent pas. Bien que cette brique de services ne soit pas jugée prioritaire, une assistance élargie à la conduite des transformations RH (future of work, incidence de l’IA sur les métiers, rapport des jeunes au travail…) qui frappent la société pourrait également intéresser cette cible d’entreprises.

En conclusion

Les entreprises attendent que France Travail devienne leur partenaire RH, notamment en s’appuyant sur son assise nationale pour accompagner les bascules d’emploi entre les territoires en perte de vitesse vers les zones où les employeurs manquent de main d’œuvre. 

Ce changement d’ADN a été amorcé récemment grâce aux conventions signées avec des acteurs comme l’ANDRH, CMA France, le Medef… mais doit maintenant être décliné localement dans les territoires, ce qui implique un vaste chantier de conduite du changement. 

Pour réussir à renouer et à ancrer une relation de confiance avec les entreprises et à affirmer ce positionnement clé au sein du réseau pour l’emploi, France Travail doit relever plusieurs défis parmi lesquels : 

 

  • Développer et ancrer cette dynamique de prospection, notamment auprès de la galaxie des PME/TPME aujourd’hui peu adressée ; 
  • Renforcer la relation auprès des grandes entreprises, en capitalisant sur les collaborations réussies lors d’opérations impliquant des besoins volumiques en recrutements comme les Jeux Olympiques 2024 ou l’implantation d’une nouvelle usine ; 
  • Investir dans une grande campagne de reconquête d’image, pour faire évoluer le capital réputationnel de Pôle emploi désormais France Travail ; 
  • Réinventer les agences physiques afin d’en faire un lieu accueillant également pour les DRH et chefs d’entreprise ; 
  • Dynamiser une logique de coopération France Travail – Régions pour affermir le continuum développement économique / développement des filières / développement des compétences ; 
  • Impulser plus d’agilité et de souplesse dans l’organisation de France Travail, entre autres en renforçant la proximité entre les conseillers entreprises et les conseillers emploi. 

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